Mes mauvais rapports avec la mort! (Conte! Conto!)

Publié le par Rosario Duarte da Costa

Cemitério dos Prazeres X

Auteur des Photos sur cette page: Antonio Arruda "olhares.com"

 

 

Pormenores LXVII

 

Mes mauvais rapports avec la mort!

 

 

Ce n’est pas d’aujourd’hui, ça vient depuis toujours c'est-à-dire le

jour où, j’ai vu un mort de près !

 

Le premier souvenir remonte à la petite enfance. Lorsque un après

midi d’été caniculaire, je m’assieds sur le pas de porte avec ma

grand- mère et une charrette passa devant nous avec le corps d’un

homme entouré d’un drap blanc, comme une simple ordure à jeter

dans le fossé. Je fus surprise et choquée mais, à ce moment là je

n’avais pas encore conscience de ce qu’était la mort.

 

C’est bien plus tard que, j’ai appris la disparition d’un oncle de

maman (frère de mon grand-père), un homme grand et mince avec

un sourire aux lèvres chaque fois qu’il me voyait.

Ma grand-mère voulant que je l’accompagne, j’ai du attendre qu’elle

s’habille. Elle avait mis des bas de soie noire et des chaussures noires

en cuir style anglais. Je trouvais « trop chic » mais trop foncé et, elle

m’a dit que quand quelqu’un mourait, on devait s’habiller en noir !

 

Quand nous sommes entrés dans la maison de l’oncle Jaime, il y

avait déjà beaucoup de monde : la famille, des amis et des voisins

qui ont baissé leur tête à notre arrivée.

Tout cela me paraissait étrange. Oncle Jaime était couché dans une

grande boîte rectangulaire, vêtu d’un costume de « grande classe »

et, ses yeux fermés donnaient l’impression qu’il dormait calmement.

Je lui ai dit « bonjour oncle » mais, tout le monde se mit à pleurer au

même temps et, j’ai eu l’impression d’avoir fait une bêtise.

C’est alors que l’on m’a invité à aller jouer avec d’autres enfants de la

famille dans le jardin de la maison, juste au moment où quelqu’un

avait apporté du café chaud aux gens qui veillaient l’oncle !

L’arrivée de maman m’a fait sursauter car, elle m’a fait des gros

yeux, signe que je faisais quelque chose de peu convenable. Elle me

dit : chut, il ne faut pas rigoler l’oncle est mort, il faudra attendre

papa et après, tu rentreras avec lui à la maison.

Je courus revoir oncle Jaime. Il ne bougeait pas d’un centimètre.

Fermés ses yeux, seule une bougie éveillait son visage. Alors je lui

demande: combien de temps tu resteras comme ça ? Moi aussi l’autre

jour j’ai eu très mal au ventre et je dormais beaucoup mais, vois-tu,

je suis là !

Et tout le monde se remit à pleurer à nouveau au même temps, et je

me sentais coupable de faire les gens pleurer !

 

Mon père arrivait et, immédiatement maman lui dit : amène-la vite

à la maison ! Mon père et moi nous sommes partis mais, j’ai senti

qu’il n’avait pas envie de répondre à toutes mes questions.

Cette nuit là, j’avais très mal dormi. Et, le matin à mon réveil je ne

savais plus si l’oncle Jaime était mort, ou si c’était moi qu’avait

inventé cela!

 

Depuis ce jour là, j’ai commencé à avoir peur des cimetières. Chaque

fois que j’accompagnais ma famille pour rendre visite à un membre disparu, j’évitais de toucher tout ce qui a attrait à la mort. J’avais

peur de poser le regard sur les tombeaux, de toucher les pierres et

le fer forgé autour des tombeaux regardant les cyprès avec un air

apeuré.

Ainsi, un jour où j’étais invitée chez une copine qui habitait devant le cimetière, je fus démotivée par notre rencontre au vu de sa chambre

dont la fenêtre donnait sur la maison des morts !

 

Cela a duré très longtemps. J’avais plus de vingt ans quand mes

deux parents sont morts très jeunes encore. Je les ai accompagnés

dans leur demeure avec difficulté encore, à regarder les tombes.

Puis, avec le temps et de la méditation personnelle, je suis arrivée

sans aide extérieure, à faire la paix avec les morts !

Que Dieu me pardonne !

Rosario Duarte da Costa

Copyright

07/12/2010

 

Pormenores LXVI

 

 

 

Cemitério dos Prazeres IX

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