Mes mauvais rapports avec la mort! (Conte! Conto!)
Auteur des Photos sur cette page: Antonio Arruda "olhares.com"
Mes mauvais rapports avec la mort!
Ce n’est pas d’aujourd’hui, ça vient depuis toujours c'est-à-dire le
jour où, j’ai vu un mort de près !
Le premier souvenir remonte à la petite enfance. Lorsque un après
midi d’été caniculaire, je m’assieds sur le pas de porte avec ma
grand- mère et une charrette passa devant nous avec le corps d’un
homme entouré d’un drap blanc, comme une simple ordure à jeter
dans le fossé. Je fus surprise et choquée mais, à ce moment là je
n’avais pas encore conscience de ce qu’était la mort.
C’est bien plus tard que, j’ai appris la disparition d’un oncle de
maman (frère de mon grand-père), un homme grand et mince avec
un sourire aux lèvres chaque fois qu’il me voyait.
Ma grand-mère voulant que je l’accompagne, j’ai du attendre qu’elle
s’habille. Elle avait mis des bas de soie noire et des chaussures noires
en cuir style anglais. Je trouvais « trop chic » mais trop foncé et, elle
m’a dit que quand quelqu’un mourait, on devait s’habiller en noir !
Quand nous sommes entrés dans la maison de l’oncle Jaime, il y
avait déjà beaucoup de monde : la famille, des amis et des voisins
qui ont baissé leur tête à notre arrivée.
Tout cela me paraissait étrange. Oncle Jaime était couché dans une
grande boîte rectangulaire, vêtu d’un costume de « grande classe »
et, ses yeux fermés donnaient l’impression qu’il dormait calmement.
Je lui ai dit « bonjour oncle » mais, tout le monde se mit à pleurer au
même temps et, j’ai eu l’impression d’avoir fait une bêtise.
C’est alors que l’on m’a invité à aller jouer avec d’autres enfants de la
famille dans le jardin de la maison, juste au moment où quelqu’un
avait apporté du café chaud aux gens qui veillaient l’oncle !
L’arrivée de maman m’a fait sursauter car, elle m’a fait des gros
yeux, signe que je faisais quelque chose de peu convenable. Elle me
dit : chut, il ne faut pas rigoler l’oncle est mort, il faudra attendre
papa et après, tu rentreras avec lui à la maison.
Je courus revoir oncle Jaime. Il ne bougeait pas d’un centimètre.
Fermés ses yeux, seule une bougie éveillait son visage. Alors je lui
demande: combien de temps tu resteras comme ça ? Moi aussi l’autre
jour j’ai eu très mal au ventre et je dormais beaucoup mais, vois-tu,
je suis là !
Et tout le monde se remit à pleurer à nouveau au même temps, et je
me sentais coupable de faire les gens pleurer !
Mon père arrivait et, immédiatement maman lui dit : amène-la vite
à la maison ! Mon père et moi nous sommes partis mais, j’ai senti
qu’il n’avait pas envie de répondre à toutes mes questions.
Cette nuit là, j’avais très mal dormi. Et, le matin à mon réveil je ne
savais plus si l’oncle Jaime était mort, ou si c’était moi qu’avait
inventé cela!
Depuis ce jour là, j’ai commencé à avoir peur des cimetières. Chaque
fois que j’accompagnais ma famille pour rendre visite à un membre disparu, j’évitais de toucher tout ce qui a attrait à la mort. J’avais
peur de poser le regard sur les tombeaux, de toucher les pierres et
le fer forgé autour des tombeaux regardant les cyprès avec un air
apeuré.
Ainsi, un jour où j’étais invitée chez une copine qui habitait devant le cimetière, je fus démotivée par notre rencontre au vu de sa chambre
dont la fenêtre donnait sur la maison des morts !
Cela a duré très longtemps. J’avais plus de vingt ans quand mes
deux parents sont morts très jeunes encore. Je les ai accompagnés
dans leur demeure avec difficulté encore, à regarder les tombes.
Puis, avec le temps et de la méditation personnelle, je suis arrivée
sans aide extérieure, à faire la paix avec les morts !
Que Dieu me pardonne !
Rosario Duarte da Costa
Copyright
07/12/2010