23/11/2010: Conte: La Banlieue! (En chaque pays du Monde il y a une banlieue!
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Conte: La Banlieue!
Elle était là, regardant par le fenêtre et se disait que l’avenue où
elle habite n’est pas moche. Au même temps, elle pesait au
bonheur d’être chez soi car, la maison où on vit est habituellement
le lieu de sécurité personnel.
Il y a déjà quelques décennies que nous sommes ici, pensait-elle…
Je me souviens que nous sommes venus ici car, en ville les prix
des grands appartements au centre de la ville principale de la
région, étaient fort exorbitants.
Mais, ici aujourd’hui c’est un dortoir. Une ville fermée, comme
toute banlieue ! Oui, c’est bien cela, une banlieue avec des bons
et de très mauvais côtés !
Alors, elle se dit : « il aurait fallu déménager ». Mais, aujourd’hui
les prix des loyers pour des grandes surfaces habitables sont
extrêmement chères et, trouver un appartement de petite taille
c’est comme rester emprisonnée dans une petite cellule!
C’est environ 13 heures passées. Les mamans accompagnent leurs
petits enfants à l’école, comme tous les jours. Et, comme tous les
jours, ce sont les mêmes groupes qui se forment…par amitié, par convenance personnelle ou, tout simplement, parce qu’il faut appartenir à un groupe, ayant les mêmes intérêts communs. C’est
bien cela, des arrangements de banlieue, avec ses secrets et son commerce jaillissant de l’obscurité totale!
Elle se souvient que, il y a à peine plus de dix ans ont voulait lui vendre un frigo congélateur au tiers du prix dans le commerce.
Ce qu’elle a refusé bien sûr (sachant les moyens t les méthodes utilisées) car, elle n’aime pas être la porteuse de ces affaires peu sérieuses. Et, parce qu’elle a refusé, elle est devenue « mal vue »…
Voilà un immeuble de quelques étages. Les familles pondent des enfants comme les poules pondent leurs œufs. Certaines
s’occupent tendrement de leurs oisillons mais, d’autres les laissent traîner dans les escaliers de l’immeuble –jour et nuit-, sans se préoccuper des leurs mômes ! C’est normal -disent uns-, alors que « d’autres » passent comment un petit vent entre les traîneurs, et rentrent discrètement avec leurs bambins chez eux !
Voilà la petite dame qui a plusieurs enfants. L’autre jour, son fils
d’un an tournait vers « elle » un fusil de plastique- cadeau de sa maman. Petit et mignon, il paraissait heureux dans son Poum !
Poum! Elle était surprise et la maman a dit : il aime beaucoup jouer
à tuer les gens !
C’est cela la banlieue. Des grandes tours d’immeubles, avec des
tiroirs souvent cassés. Autour le bruit, des cris, des voix aigues
coupant l’air, des motos, des scooters sciés et, parfois même des
« side-car » qui grincent sur les tympans de nos oreilles. Sans
oublier les cannettes jetées soit par les fenêtres, soit tout
simplement pour provoquer les gens !
Puis, les voitures qui viennent, on ne sait d’où, klaxonnant très
fort, ou dans un silence morbide et, des yeux qui regardent ceux
qui peuvent poser les yeux sur eux !
De temps en temps, il lui arrive de voir des bouteilles qui
descendent des étages à toute allure, car, il y a des gens qui
n’aiment pas travailler-, même pas pour déposer leurs ordures là,
au bon endroit !
Durant des années, elle fut témoin de ces jeunes casseurs
qu’avaient envahi les caves de son immeuble, qui traînaient jour
et nuit entre les étages, des jeunes filles –certaines mères
aujourd’hui- qui ont été traînées d’un côté à l’autre...
Depuis longtemps, des gens dans la rue s’adressent à elle en
quête d’une cigarette. Au début, elle en donnait une par ci ou par
là, puis a cessé de distribuer ce qui pour elle est devenu cher!
Depuis ce jour là, elle est devenue extrêmement antipathique vis
à vis de ces gens qui ne comprendront jamais que l’on ne puisse
pas être leurs « copains » !
Tout le monde voit, certains se plaignent à petite voix, d’autres
sont dans le système et, sont heureux. Les commères traînent,
bisous/bisous à droite et à gauche, elles savent tout, inventent
tout, distribuent leur information autour des immeubles ou des commerces. Il n’est jamais bon de ne pas faire comme tout le
monde, se dit-elle. On devient alors une « brebis galeuse !
Et la joie marche à talons chez elle jour et nuit ; et la joie se
couche tard, fait son ménage après avoir regardé la télévision de
la nuit, laissant ses gamins debout jusqu’à minuit. Peu lui importe,
que les enfants aient l’école le lendemain...Chez elle, c’est « sa joie » qui commande !
Pendant ce temps, « elle » ne peut pas dormir. Pendant ce temps, « elle » ne peut pas réfléchir ou lire dans le calme. Pendant ce
temps sa vie devient un enfer. Alors, si elle raconte cela à
quelqu’un d’autre on lui dira : « partez » car, ici c’est la banlieue.
On fait ce que l’on veut, chez nous !
Mais oui. C’est cela la société d’aujourd’hui quand, on a casé les
mêmes origines, les mêmes familles, aux mêmes endroits. Donc,
il n’y a pas de vrai mélange, de réel échange, ni de vrai partage
autour d’un avenir meilleur. L’avenir c’est maintenant. On prend,
on achète et on vend.
Tel le type qui est arrivé ici -se dit elle- qui vendait des canaris. Il
en possédait une quarantaine dans son petit balcon, ou qui
travaillait au noir argent comptant, alors qu’il était censé travailler seulement là, où il travaille, jetant les graines sur son balcon !
Ou, l’autre pauvre monsieur qui travaillait dans le bâtiment et, qui
en plus, allait travailler chez les cadres de son entreprise le samedi
et dimanche puis, a du arrêter inopinément l’un et l’autre, pour
raisons de grave maladie !
Mais, -se dit-elle-, il ne faut pas parler trop fort, les politiques
n’aiment pas ça, les policiers arrivent rarement à écouter tout le bruitage. On dirait, qu’il y a des espions pour que le bruit s’arrête
à leur arrivée. Des petits gamins soufflent souvent :
« les flics arrivent" ! !
Et, elle pense aux enfants, à tous ces enfants qui jamais ne
pourront atteindre un objectif de vie, dans un futur déjà bouché en tout. Elle pense .aussi à ceux qui voudront s’en sortir et que, un jour feront, (comme l’on fait tous ceux qui ont réussi leurs études et leurs vies professionnelles ou personnelles), de ne plus mettre les pieds
dans leur banlieue.
Ceci est bien dommage car, ils auront été volés d’un morceau
de l’histoire de leur vie !
Rosario Duarte da Costa
Copyright
22/11/2010
Photo: Khanh Renaud
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