"Exil est le vrai Pays" écrit: Yves Leclair! dans "Au coeur de la Transparence!

Publié le par Rosario Duarte da Costa

HOMENAGEM AO JAPÃO

Auteure:  Lina Marano"olhares.com"

 

 

"Exil est le vrai Pays" écrit: Yves Leclair!

"Au coeur de la Transparence!é 

 

Ce livre,  je l’ai vécu comme un voyage extraordinaire entre

occident et orient. Une découverte intime. Une adhésion au

fil des phrases et des découvertes. Et me voilà, regard posé

sur l’imagination…

Il faudrait dire que, quand on découvre que l’on vit hors de

chez soi et que, quelque part dans le  monde, il y en a aussi

d’autres qui vivent loin de chez eux, dans d’autres lieux, sous d’autres cieux…

Et là, on pénètre au plus profond de soi…

Et on regarde chacun assis humblement dans son propre

silence, en quête de soi, à l’écoute sa voix qui, n’est autre

que la voix du monde !

Rosario Duarte da Costa

Copyright 0

07/08/2011

 

http:ex-libris.over-blog.com

  YLeclair

Yves Leclair (Photo Littératures et Poétique)

Avec son dernier opus au titre inspiré, Orient intime, le poète angevin Yves Leclair entreprend une traversée au plus près de lui-même, en pèlerin nomade qui sait que « Orient et Occident ne sont aussi que des désignations temporaires pour des pôles au-dedans de nous-mêmes », selon Hermann Hesse. Dans une tentative de rejoindre son nom « le clair » et de se rejoindre lui-même, il aborde aux rivages de la transparence du monde.

Parti d’Extrême-Occident sur un manche à balai abandonné (I), muni de sa trousse de secours (II), l’écrivain s’attache à lever un coin du voile du Proche-Orient (III), pour atteindre l’Orient extrême de Bashô (IV), en revenir vers l’Orient proche (V) et grimper à l’échelle du Levant, pour y goûter les mots divins, « les mots de miel brun », les plus anciens du monde (VII). Ainsi, de l’horizontalité, « le balai fauché par le vent », à la verticalité d’un ciel où se lit « l’Orient des mondes », le poète va cheminant, en quête de Soi et de l’Autre.

Ce voyage autour de lui-même, le poète l’entreprend sous l’égide des grands anciens, en bon helléniste et humaniste qu’il est. Avec Sénèque, il sait bien que voyager n’est pas guérir son âme et il s’indigne d’une banalisation du tourisme de masse. Mais s’il aime à rappeler Thoreau qui recommande au voyageur de tâter son pouls afin de voir si son âme est en éveil et prête au nomadisme, s’il s’embarque fréquemment pour la Grèce, l’Italie, la Crète ou la Tunisie, il reconnaît avec Confucius que le plus grand périple est celui que l’on fait en soi-même, en quête de son moi originel.  C’est ainsi que l’on parvient « au seul donjon du cœur », le but fixé par Rûmî.

Son livre, ancré dans le quotidien le plus humble, nous dit que les mots sont là pour sauver de l’oubli ce qui fut et que l’écriture est nostalgie : « On n’écrit que par contumace. » On aime son regard curieux sur « la pie en redingote », son oreille attentive au « chant puissant et ancestral de la langue arabe », son questionnement métaphysique devant un hibiscus rouge, et son regard ardent sur une jeune romanichelle aux « seins libres comme une louve ». La clarté de son regard sur les choses opère une transfiguration et son esprit en éveil métamorphose « le plein  du vide et le vide du plein- le Rien du Tout, le Tout du Rien ».

On le voit errer en Afrique du Nord, sur les pas des gens du désert et des « brûleurs de route » à l’image de Théodore Monod, à qui il aspire à ressembler, lui l’ascète et le mangeur de figues. Et il sait dire comme personne la beauté de ces enluminures « fleuve bleu d’Orient natté de fourmis persanes »,  la fascination de cette écriture, « divine calligraphie qui tisse le voile ». Certes, dans une autre vie, c’est bien là qu’il a vécu : au plus intime de lui-même s’élèvent les minarets. Pour dire cette terre originelle, ses compagnons de route ont nom Omar Khayyâm, le « fabricant de tentes », et les poètes familiers aux Iraniens que sont Attâr, Saadi ou Hafiz

L’écriture de « l’ermite au chapeau de bambou », ainsi qu’on le surnomme, est tentation de l’épure et elle nous transporte dans son Orient extrême, le plus intime. Il y convoque Bashô et les marginaux contemplatifs, de Po Chu Yi à Dong Po, en passant par Tu Fu et Han Shan. Il y exalte l’anachorèse, le vide et souhaite « cette force de ne rien attendre pour tout accueillir ». Ne voudrait-il pas se fondre dans le silence tel « le chat blanc qui avance à pas de velours, comme s’il n’existait pas du tout » ?

Le poète dit la difficulté de découvrir ce paradis perdu, où l’homme ne serait pas né d’emblée. Après un arrachement à son Ciel, Dieu l’y aurait transporté. Ainsi, l’exil deviendrait « le  vrai pays », le lieu où l’homme est remis à sa place originelle. Toutes les lectures ouvrent la porte vers une Arcadie rêvée : les Pères Nêptiques en quête de la contemplation, dite « activité cachée », les textes hassidiques qui professent l’accueil de l’étranger, les Upanishads décrivant le Soi tel « un petit lotus avec une demeure au-dedans et encore un espace à l’intérieur, où il se trouve plus petit que le chas d’une aiguille ».

Les textes donc donnent accès à l’Eden, mais encore tout simplement la vie, et le poète est « comme celui qui grappille derrière les vendangeurs ». Ce sont les senteurs orientales au débarquement sur le port de la Canée, la beauté d’une « Nausicaa crétoise disant adieu à son marin », « les graines de paradis » rapportées du jardin tropical d’Isola Bella. Et l’essence même de l’Orient n’est-elle pas contenue dans le parfum de la jacinthe rose du Bengale, dans une chambre d’hôtel à Iráklion ? Car, pour qui sait regarder, tout est beauté, et celle-ci se conjugue au féminin : ce sont les « Dames en bleu » turquoise des fresques minoennes, les geishas à la peau laiteuse, la Sulamite du Cantique des Cantiques qui se révèle derrière  un hijab. Et, à l’unisson de Calaferte qu’il relit chaque année, le poète pourrait dire : « Peut-être ai-je trop aimé l’Eden sur terre ! »

Mais ne croyons pas que le voyageur orientaliste soit un naïf. Il ne s’étonne pas que Mère Térésa ait aussi connu le doute dans la misère de l’Orient indien. Il connaît les hordes de gamins quémandeurs, les cités-dortoirs et leurs enfants désœuvrés, l’Orient exilé en Occident, dans un vieux garage en tôle transformé en mosquée. Il n’ignore pas que les rêves deviennent souvent « cauchemar[s] ensanglanté[s] ». Alors que résonne en lui la musique arabe de l’enfance qu’il aimait à écouter, il sait  que son originalité consiste « à retrouver l’origine au fond du soi » et, en bon latiniste qu’il est, le voilà qui médite sur l’étymologie du mot « Orient ». Cette quête de son Orient intime est pour lui dévoilement, lorsqu’il découvre, en  longeant le Jourdain, sous le palimpseste des « sables et [d]es carcasses de chars abandonnés » les « miettes de papyrus où furent manuscrites les premières lettres à l’encre verte » des manuscrits de la mer Morte.

Celui qui se souvient de la vieille pèlerine de Compostelle que son père hébergeait et qui rêvait de « cartes et d’estampes », le lecteur de la Bible et de Platon, nous dit qu’il faut savoir voyager léger et qu’il ne faut emporter avec soi que « quelques arabesque, quelques enluminures en fond d’œil et dans les soutes de l’âme ». Ainsi, il se pourrait que l’on aille à Dieu « comme du songe à l’éveil, ou de la nuit à l’aube », comme l’on retourne au paradis après l’exil.

Livre d’essais à la manière d’un Montaigne, variations musicales sur les thèmes du voyage, de l’exil, de l’Eden, du Soi et de l’Orient, Orient intime est un ouvrage inclassable. On y découvre un écrivain nourri d’humanité(s), un enseignant qui connaît la moindre nuance des mots, un grand amateur et connaisseur, féru de poésie, qui n'aime rien tant que citer ses livres de chevet, un pérégrin tout autant qu’un « voyageur immobile ». Mais Yves Leclair est surtout un poète dont le regard, lavé des scories du monde, nous entraîne dans une quête de soi-même, qui est surtout une marche vers l’Autre et, peut-être, le Tout-Autre.

 

Yves Leclair est un écrivain, critique littéraire et poète français né à Martigné-Briand le 13 octobre 1954. Après des études de musique et de lettres (doctorat de littérature française sous la direction de Jean-Pierre Richard à la Sorbonne en 1982), il s'est tourné vers la création littéraire. Il a publié des journaux poétiques, des récits et des essais, notamment aux éditions du Mercure de France, de la Table Ronde et Gallimard. Il collabore à de nombreuses revues dont La Nouvelle Revue Française, Critique, Europe, Décapage, etc. ainsi qu'à différents ouvrages (dictionnaires, encyclopédies, etc.). Il a reçu le prix 2009 de poésie de l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire, pour l'ensemble de son œuvre.

Œuvres[modifier]

Poésie
  • L’Or du commun, Mercure de France, 1993 (OCLC 28420795)
  • Bouts du monde, Mercure de France, 1997 (OCLC 36893146)
  • Notes d’un moyen ermite, avec des aquarelles de Chan Ky-Yut, Lyric editions, Gloucester (Canada), 2000.
  • Six hands amongst the clouds, avec des aquarelles de Chan Ky-Yut, trad. M. Bishop, Lyric editions, Gloucester (Canada), 2000.
  • Prendre l’air, Mercure de France, 2001 (OCLC 46935308)
  • A la Turque, éd. Le Petit Poëte Illustré, Paris, 2001.
  • « Yves Leclair » in Poètes pour le temps présent, Folio Junior, Gallimard Jeunesse, 2003.
  • Le Voyageur sans titre, éd. Librairie la Brèche, 2005 (épuisé).
  • L’antique lumière d’Eden, avec des peintures de Geneviève Besse, éd. Rencontres, 2007.
  • Les Citronniers, avec des peintures de Gauvin, éd. Rencontres, 2007.
  • Avec vues imprenables, avec des peintures de Joël Leick, éd. Rencontres, 2007.
  • Suite du voyageur sans titre, Librairie la Brèche éditions, 2008.
  • Nouvelle vue imprenable, collection "Médaillons", avec des peintures de Joël Leick, éd. Le Livre pauvre, 2009.
  • Secret muezzin, avec des peintures de Mehdi Qotbi, éd. Rencontres, 2009.
Récits
  • La Petite route du col, éd. L’Etoile des limites, 1997 (OCLC 63615881)
  • Bourg perdu, avec des illustrations de Ph.Marie, éd. Rencontres, 1999.
  • Job et les créatures, avec des illustrations de Nicolas Jolivot, éd.Cheminements, 2001.
  • Manuel de contemplation en montagne, coll. Chemins de la Sagesse, éd. de la Table Ronde, 2005. Réédition 2006 (OCLC 62418089)
  • Bâtons de randonnées, éditions de la Table Ronde, 2007 (OCLC 152504999)
  • Orient intime, collection l'Arpenteur, Gallimard, 2010.
Essais

 

Direction de cahiers d'hommages et études

 

Éditions d’oeuvres et préfaces
  • Les Sandales de paille de Pierre-Albert Jourdan, préface d'Yves Bonnefoy, édition et notes d’Yves Leclair, Mercure de France, 1987 (OCLC 17602667)
  • Le Bonjour et l’Adieu de Pierre-Albert Jourdan, préface de Philippe Jaccottet, édition et notes d’Yves Leclair, Mercure de France, 1991.
  • Les Amours jaunes de Tristan Corbière, édition, notes et postface d’Yves Leclair, Seuil, 1992.
  • Bouteilles à la mer d’un ermite migrateur de Michel Jourdan, texte établi par Y.L, préface d’Y.Leclair, éd. Arfuyen, 2006.
  • L’Alphabet de l’heure bleue d’Aymen Hacen, préface, éd. Jean Paul Huguet, 2007.
  • Un promeneur secret par Yves Leclair in Hobo Namsong de Michel Jourdan, Librairie la Brèche éditions, 2009.
  • Un cueilleur de haïku par Yves Leclair in Le promeneur secret de Michel Jourdan, éditions La Part commune, 2009.
  • Chansons pour un amour lointain de Jaufre Rudel, édition bilingue (occitan-français), présentation de Roy Rosenstein, préface et adaptation d'Yves Leclair, coll. Littérature occitane "Troubadours", éditions Fédérop, 2011.

 

Participation à des ouvrages collectifs 

Publié dans Dialogues

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C
<br /> Je vous remercie de signaler plus précisément que cet article "Au coeur de la transparence : Orient intime de Yves Leclair"<br /> est extrait de mon blog ex-libris.over-blog.com et que j'en suis l'auteur ! Par ailleurs "Au coeur de la transparence" n'est pas le titre de l'ouvrage de Yves Leclair  mais<br /> bien celui de mon article !<br />
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