Sophie de Mello et F. Pessoa! (Deux poètes Portugais)
Sophie et Pessoa
Sophia de Mello Breyner Andersen, est née en 1919, alors que Fernando Pessoa était déjà ancré dans des années de poésie.
Tandis que Pessoa ouvrait sa fenêtre sur Lisboa, Sophie l’a ouverte
sur Porto. Deux beautés "le Douro et le Tage » deux fleuves qui se complètent et au même temps s’ignorent.
Si l’on dit qu’elle aurait apprécié Fernando Pessoa, il ne reste pas
moins qu’elle écrivit :
« Pessoa a sacrifié sa vie à son œuvre, on peut dire qu’i n’y avait
pas de vie à sacrifier et, c’est une attitude qui m’angoisse. »
Il faut dire que Pessoa prenait toute la place poétique et, Sophia
aurait du mal à s’affirmer.
Il faut dire aussi que, même João Ameal bras droit du gouvernement
de Salazar, n’a pas hésité a parler de Pessoa comme un poète et philosophe rare… un visionnaire !
Et, il a oublié Sophia...
Si Sophia a écrit quelques beaux poèmes à F. Pessoa, il ne reste
pas moins qu’elle le considérait comme une «querelle », préférant
se tourner vers les grands classiques comme Homère ou bien les
aèdes bibliques !
L’homme pour la poétesse n’était pas un être mortel mais «éternel ».
C’est ainsi qu’elle passera son temps longeant les pays et faisant le
contour des îles lointaines. Elle part à la conquête des Dieux, des temples et des mythes.
Poétesse de l’éternité, du combat mais aussi de la joie, elle apportera
à la langue portugaise un sourire vers l’éternité !
Rosario Duarte da Costa
Copyright
31/05/2012
Publié le 26 septembre 2009 par Ivredelivres
Malgré les ruines et la mort - Sophia de Mello Breyner - Traduit du portugais par Joaquim Vital - Editions de la Différence
Voilà une anthologie magnifique de la poésie de Sophia de Mello Breyner. Son nom est peu connu en France où pourtant elle a obtenu le prestigieux prix "Max Jacob"
L’antiquité parcours son oeuvre, son amour pour le Portugal, pour la Grèce dont elle chante la lumière et les îles. Elle dit avoir une relation privilégiée à "la mer, à la vague, à la roche, au vent, au soleil, à la lumière, au sable, à la terre, aux arbres "
C’est une oeuvre pleine de lumière et de chaleur, d’un poète qui se met sous la protection d’Homère et de la Bible " Le plus beau poème est dans la Bible, c'est le Magnificat, parce que c'est un poème d'exultation et d'humilité et puis il marque l'alliance de l'homme avec l'Eternel"
Certains des poèmes évoquent l’exil, le temps qui passe et la mort, le poète Pessoa " Ton chant si juste qui dédaigne les ombres" mais Sophie de Mello souhaite aussi une poésie heureuse " Je demande à la poésie aussi de la joie, elle aime les fleurs, la nuit, le rêve."
Poème d’amour d’Antoine et de Cléopâtre
Par tes mains je mesurai le monde
Et sur la balance pure de tes épaules
Je pesai l’or du soleil et la pâleur de la lune
Alors surgirent les îles lumineuses
d’un bleu si pur et si violent
Qu’il dépasse l’éclat du firmament
Et en nous s’effacèrent la mémoire et le temps
Lusitanie
Ceux qui tout droit avancent vers la mer
Et - tel un couteau - aiguisé - en elle plongent
La proue très noire de leurs bateaux
Vivent de peu de pain et de clair de lune
Tableau de Mario Eloy ( Du bleu dans mes nuages)
L’auteur
Sophia de Mello Breyner est née en 1919 à Porto, dans une famille aristocratique.
Elle a reçu le prestigieux prix Camões en 1999. Ses livres ont été traduits dans de nombreuses langues. Elle même avait traduit de nombreux auteurs en portugais, notamment Shakespeare, Dante et Paul Claudel.
En France elle a reçu le prix Max Jacob de la poésie, prix rarement décerné à un poète de langue étrangère
Engagée politiquement Sophia de Mello Breyner fut de tous les combats qui ont porté la démocratie au Portugal