Poésie portugaise : Parcours succint

Publié le par Rosario Duarte da Costa

Parce que beaucoup de ceux qui ne connaissent pas la poésie portugaise et, pourtant ceux-là aussi aiment la poèsie autre que celle de leur langue, je me permets d'insérer une critique littéraire de Prétexte Editeur.
J'ajoute une page de Bibliomonde avec des extraits de Monsieur Michel Chandeigne ( auteur que j'aime beaucoup) " Gallimard".
Avec toute mon amitié.
Rosario Duarte da Costa


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  Rappelant les nombreux suicides d'écrivains qui ont marqué la littérature portugaise à la fin du siècle dernier, Nuno Júdice écrit qu'«il faut reconnaître que, malgré tout, l'accent pessimiste domine souvent la littérature portugaise»1. C'est peut-être ce «pessismisme», ou plutôt un mélange ambigu de fatalisme et de nostalgie, chantant la quête d'un paradis à jamais perdu, qui apparaît comme l'une des «marques de fabrique» de la poésie portugaise, avec, peu ou prou, «la capacité /.../ qu'a cette poésie de refléter d'une ma

Poésie portugaise :
parcours succinct
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nière qui paraît définitive l'âme portugaise»2. Tout en touchant à l'universalité propre à la création littéraire, de nombreux poètes manifestent un attachement quasi inconditionnel à leur espace national, cette idée «d'âme portugaise» drainant derrière elle l'essentiel (mise à part l'expérience d'ouverture européenne de la revue Orphée) de la création poétique jusqu'aux années 70 et créant une poésie en quête d'une identité forte mais comme repliée sur elle-même. Pour tenter d'expliquer cette particularité, et devant le peu de sources critiques ou d'histoire littéraire récente (il n'y a quasiment, en traduction française, que deux ou trois ouvrages traitant de la question), je m'appuierai essentiellement sur le livre de Nuno Júdice, Voyage dans un siècle de littérature portugaise, qui à mon sens donne les pistes les plus claires et les plus essentielles de l'évolution poétique portugaise au cours du vingtième siècle, ainsi que sur la synthèse qu'a donnée Robert Bréchon de la période contemporaine à la fin du livre de Georges LeGentil, La Littérature portugaise.

 A la fin du dix-neuvième siècle, le romantisme est encore l'un des courants les plus prégnants de la poésie portugaise, et des poètes tels que Antero de Quental, poète lyrique inspiré et métaphysique, ou Guerra Junqueiro, poète attaché au lyrisme bucolique et épique, restent très proches d'une vision relativement traditionnaliste du poème. Toutefois, si cette tradition lyrique restera forte, l'aspect formel, par le biais notamment des sonorités, de la musicalité du vers, et l'insertion de thématiques nouvelles et modernes, notamment celle de la ville, de l'espace urbain d'une manière générale, commencent à mettre fin à ce romantisme flamboyant sous la plume, entre autres, d'Eça de Queiróz. Cette évolution s'est faite par l'intermédiaire d'une soudaine ouverture aux littératures étrangères et spécialement française. Et bien que la génération d'alors ne se soit pas tant tournée vers un Mallarmé (ce qui aurait peut-être permis une césure formelle et une modernité équivalente à celle que la France a pu connaître par la suite), que vers Hugo, Proud'hon, Baudelaire et Verlaine, l'influence des Parnassiens ouvrira la porte au symbolisme dont Camilo Pessanha sera l'une des figures les plus représentatives. Le début du XX°siècle poétique portugais, jusque dans les années 1910 (ce qui correspond à la chute de la monarchie), s'inscrit donc dans cette «mouvance» symboliste qui sera le point d'origine de différents courants, dont le néo-garretisme d'António Nobre (avec un retour aux traditions et une idéalisation des paysages nationaux), et le saudossimo de Teixeira de Pascoães (qui réintègre des éléments mythiques et s'inspire de la saudade qui est aux origines de la poésie portugaise classique). Mais, écrit N. Júdice, «la dimension innovatrice du symbolisme (français) ne donne pas naissance à un (véritable) courant portugais : il n'y a aucun signe, pour ce qui est de la poésie ou de la prose, d'une tendance cohérente à l'utilisation du vers libre, d'une recherche de syntaxe nouvelle, ou d'une subversion de la norme grammaticale»3.
 Quoique connu dès sa première conférence et dès la première publication de son manisfeste, Marinetti (et le Futurisme italien) tardera à trouver un écho favorable au Portugal, pays à l'intérieur duquel l'esprit d'avant-garde (les manifestations publiques, l'extériorisation des créations littéraires et artistiques, la jeunesse d'une génération qui pourrait se situer en rupture par rapport à ses aînés) n'a guère de prises au regard des conditions politiques de l'époque (le monarchisme finissant et une république naissante mais déjà bourgeoise). C'est donc par une esthétique qui leur est propre, celle du cosmopolitisme dans lequel ont vécu une bonne part de la jeune génération d'alors, Pessoa en tête, que la littérature portugaise va entrer dans le siècle. Les revues littéraires et artistiques se multiplient, mais c'est encore une très forte tendance symboliste qui s'y fait jour, en marge des innovations formelles et des révolutions artistiques du reste de l'Europe. C'est par l'intermédiaire de Pessoa et de Mário de Sá-Carneiro que les premiers signes d'un changement clair dans l'évolution poétique vont apparaître. D'abord sous la forme du paúlismo («poésie faite d'images élaborées que sous-tend un climat décandentiste»4), puis, avec la publication de la revue Orfeu (Orphée), de l'intersectionnisme inspiré de la peinture cubiste («la représentation de figures et d'objets sous leurs différents aspects simultanément»5), enfin, moment majeur dans les recherches de Pessoa, le sensationnisme qui se rapproche à bien des égards du futurisme de Marinetti. Le futurisme portugais (qui fourmille d'audaces langagières, typographiques et de déconstruction formelle d'académismes encore très présents) subit assez vite les assauts répétés de tous ceux pour qui ces «nouveautés poétiques» sont plus proches de la folie que de la création littéraire. Manifestes et ultimatums se multiplient en guise de contre-attaque et d'affirmation, tant du côté purement littéraire que du côté de l'engagement politique (parfois particulièrement extrémiste), et de nombreux poètes cherchent désespérément à changer leur pays et la mentalité pessimiste et décadentiste qui y règne. Au coeur du modernisme portugais, José de Almada-Negreiros apparaît comme l'oeil de la tempête, figure de proue scandaleuse de la révolution moderniste qui, en même temps, dépasse déjà le futurisme et se rapproche des prémices de ce qui sera le surréalisme français. Pourtant le modernisme portugais ne parviendra pas à s'imposer, la revue Orphée disparaîtra et l'aventure futuriste tournera court (née en 1915, cette avant-garde ne passera pas le pas de la décennie suivante).
 A partir des années 20-30, c'est autour de la revue Présence (fondée en 1927) et en particulier du critique João Gaspar Simões, des figures poétiques de Miguel Torga, Irène Lisboa et bien d'autres, et de l'univers religieux d'un José Régio, qu'une tendance nouvelle vient prendre la place (plus que la suite) de la révolution poétique engagée par Orphée. Une tendance qui fédère, entre tradition et avant-garde, des auteurs pourtant forts différents les uns des autres, et qui, bien qu'admirant tous Pessoa, ne suivront pas les mêmes chemins6. Parmi eux, on retiendra bien sûr Miguel Torga et Vitorino Nemésio, mais il ne faut pas oublier, tel que le souligne à juste titre Robert Bréchon, l'une des rares femmes du groupe, Irène Lisboa dont l'«art de l'effacement et le goût du fragment /.../ [font d'elle la] plus authentiquement «moderne» des écrivains du second modernisme»7. La revue Présence se maintiendra longtemps à distance des bouleversements sociaux de l'époque, prônant une recherche stylistique originale et sincère, mais individualiste (jusqu'à son dernier numéro en 1940). Cependant l'engagement politique, la situation mondiale (Guerre d'Espagne, Seconde Guerre mondiale) et la situation nationale (la dictature se met en place en 1926) vont modifier sensiblement cette conception. L'esthétique qui va alors influencer l'ensemble de la littérature portugaise, et notamment la poésie, sera celle du néo-réalisme «qui acquiert une importance et une longévité sans égales dans les autres pays européens»8 et ce sous l'influence d'une vision «réaliste-socialiste» inspirée du communisme. Toutefois, comme le souligne Eduardo Lourenço puis
Nuno Júdice à sa suite, Présence et le néo-réalisme restent en poésie proches «des courants les plus traditionnels du lyrisme portugais et n'apporte(nt) guère d'innovation en termes esthétiques»9. Si évolution il y a, il faut la chercher plutôt du côté de la prose et du romanesque que du côté de la poésie qui revient à ses valeurs d'origines : la relation au paysage, à la nature, notamment chez un poète épique tel que Manuel Da Fonseca, ou un retour à un lyrisme moins engagé et plus subjectif chez José Fernandes Fafe par exemple.
 Le surréalisme portugais (1947-1951) n'aura eu qu'une place bien plus diffuse que dans le reste de l'Europe et il n'en restera que peu de traces importantes outre celles laissées par Mário Cesariny, António Maria Lisboa et Alexandre O'Neill. Il faut attendre la fin des années 50 et le début des années 60 avant que diverses tentatives de rupture, notamment formelles, voient à nouveau le jour et cherchent à s'éloigner du néo-réalisme ambiant. Si le lyrisme reste profondément ancré dans la culture poétique (Eugénio de Andrade est un de ceux qui en poursuivra l'incessante interrogation) l'inspiration religieuse sera à l'origine de la création poétique d'une partie des poètes de cette génération : Sebastião da Gama, Sofia de Mello Breyner, ou encore
Pedro Tamen. Quant à Jorge de Sena, référence aujourd'hui encore incontournable, il se situera au milieu et en même temps en marge de tous ces auteurs, avec une oeuvre importante et protéiforme qu'aucune étiquette ne peut résumer. Nombreuses sont les revues qui naissent au cours de cette période 1950-60 : autour de la revue La Table ronde, on trouvera des auteurs comme David Mourão-Ferreira, ou Alberto de Lacerda, qui réinstaurent un lyrisme de la plénitude en contradiction avec un certain pessimisme ; autour de Arbre, des poètes tels que Antònio Ramos Rosa, José Terra, Luís Amaro et une ambition existentialiste commune de «redonner à la poésie la vocation ontologique qui a été la sienne à certaines époques privilégiées»10. Puis viendront les premiers pas du groupe Poésie 61 qui «affirme pleinement que le formalisme, résultat de l'extrême épuration et du travail besogneux auquel le poème est sousmis, n'est plus un péché capital»11. Ruy Belo, Carlos de Oliveira, Herberto Helder, Gastão Cruz, Maria Teresa Horta, Luisa Neto Jorge sont parmi ceux qui se regroupent autour de cette définition. Et, bien qu'aucun d'entre eux ne renonçe tout à fait au versant lyrique, tous assument une esthétique de la rigueur stylistique et un contrôle précis des éléments du discours, abandonnant résolument le caractère «inspiré» de la poésie traditionnelle au profit d'une autonomie réfléchie du langage. Les années 70 viendront cependant démentir ce parti pris, avec un retour à la réthorique et au discursif de nombre de jeunes poètes qui souhaitent redonner voix à l'imaginaire, au sentiment, à l'expansion narrative sans pour autant retomber dans les travers du romantisme. «Le retour d'une certaine «narrativité», d'un jeu thématique qui recourt autant au quotidien qu'à l'Histoire ou à la mythologie, la recherche d'une confrontation entre références diverses récupérées par le discours au sein d'une intertextualité consciente, placent cette poésie dans la ligne d'un Pound ou d'un Eliot»12. La révolution de 1974, qui met à bas la dictature, vient faciliter l'avènement de cette génération, ainsi que la redécouverte de Pessoa et l'ouverture vers l'extérieur. Des poètes tels que Al Berto, Vasco Graça Moura, Joaquim Manuel Magalhães, Nuno Júdice, João Miguel Fernandes Jorge, António Osório, António Franco Alexandre replacent le lyrisme dans sa sphère langagière et dans son histoire et cherchent à «restituer un sens à la dégradation du langage usuel»13.
 De fait, la poésie née dans les années 70 et 80, si elle s'est libérée de certaines empreintes esthétiques, ne semble pas avoir pour autant tout à fait coupé les ponts avec sa tradition initale et avec la poésie antérieure (seules quelques tentatives expérimentales, sous l'égide de Ernesto Melo e Castro et Salette Tavares, ont essayé de faire entendre au Portugal une poésie «concrète» inspirée de l'exemple italien, mais sans grand succès). Comme le souligne Nuno Júdice, la création poétique «reste attachée à la tradition portugaise séculaire et justifie l'opinion du critique Jacinto do Prado Coelho selon laquelle "le Portugal partage avec l'Espagne le sentiment étrange d'être en Europe sans être l'Europe"»14. D'où peut-être cette perception particulière qui vient au lecteur français qui se penche aujourd'hui sur la poésie portugaise, lequel a l'impression que cette création est restée en marge de la plupart des courants de la modernité européenne et n'a que très peu soutenu et accompagné un certain nombre d'avant-gardes. Le surréalisme même, s'il a été une voie empruntée par certains néo-réalistes pour se reconvertir, n'a pas connu au Portugal un essor aussi important que dans le reste de l'Europe. De fait, au-delà de l'effective censure étatique du temps de la dictature, l'ensemble de la poésie portugaise conserve d'une manière générale ses bases classiques (poésie narrative, formes anciennes revisitées telles que le sonnet ou l'épopée, quand bien même en vers libres) et n'a guère poussé jusqu'à l'abstraction ou la déconstruction poétiques propres aux poésies françaises ou américaines par exemple. Les questions du rythme, de la rime, du chant restent au coeur de la poésie portugaise du vingtième siècle dont la veine lyrique, loin de s'être essouflée, a suivi de multiples variations sans jamais s'éloigner tout à fait de la lyre originelle.
 Plusieurs raisons, on l'a dit, sont à l'origine de cet état de fait. D'abord, la dictature salazariste qui a duré de 1926 à 1974 et au cours de laquelle un mouvement aussi expansif que le Dadaïsme par exemple se serait avéré quasiment impossible. Ensuite une évolution propre à l'histoire littéraire portugaise où la succession des trois figures que sont Luis de Camões (période classique), Eça de Queiroz (dix-neuvième) et, bien évidemment, Fernando Pessoa (vingtième), a joué un rôle si décisif que leur poétique est devenue un élement incontournable dans la «formation» littéraire de l'essentiel des auteurs (poètes ou prosateurs portugais) contemporains14. Quant au modernisme et au futurisme, inspiré de Orpheu, ils n'ont, d'une manière générale, guère été compris, accepté et suivi, et il a fallu du temps pour qu'ils irriguent, comme souterrainement, la poésie portugaise. C'est donc dans ce que l'on pourrait nommer «les métamorphoses» successives du lyrisme et la spécificité d'une culture aux racines séculaires (qui s'appuie entre autres sur la saudade et le fado) qu'une idendité poétique portugaise semble pouvoir se trouver, et les quelques notes de lecture qui suivent cette introduction (
António Franco Alexandre, Fernando Echevarria, João Miguel Fernandez Jorge, Fernando Guimarães, Nuno Júdice, Adília Lopes, Luiza Neto Jorge, Sophia de Mello Breyner, António Ramos Rosa, Pedro Tamen) de même que les quelques textes de notre cahier de traductions (Nuno Júdice, Adília Lopes, David Mourão-Ferreira, Miguel Torga) en donneront, je l'espère, un aperçu 15.

Lionel Destremau

Notes
1 Nuno Júdice, Voyage dans un siècle de littérature portugaise, L'Escampette, 1993, p.17.
2 ibid, p.36.
3 ibid p.48.
4 ibid, p.53.
5 ibid.
6 Robert Bréchon, dans la suite qu'il donne à l'histoire de la Littérature portugaise de Georges Le Gentil (éd. Chandeigne, 1995), rappelle que quasiment tous les écrivains de cette époque 1927-1940 ont participé, de près ou de loin, à Présence. A ceux-ci il faut ajouter des compositeurs, cinéastes, philosophes, peintres, etc. bref, presque tous ceux qui faisaient l'activité culturelle de cette époque.
7 in Robert Bréchon, La Littérature portugaise, p. 206.
8 Nuno Júdice, Voyage dans un siècle de littérature portugaise, op cit., p. 70.
9 ibid, p. 73.
10 Robert Bréchon, La Littérature portugaise, op cit., p. 229.
11 Nuno Júdice, Voyage dans un siècle de littérature portugaise, op cit., p. 93.
12 ibid p. 96.
13 ibid p. 98.
15 ibid, p.13.
14 Comme à toute règle il y a, bien sûr, des exceptions : celle, par exemple, de Aquilino Ribeiro ou de António Sérgio comme le souligne Nuno Júdice, ou plus proche de nous, d'António Lobo Antunes qui dit ne rien devoir à Pessoa et ne pas l'apprécier avec autant d'insistance que la plupart des auteurs portugais.
15 Les noms qui n'ont pas encore de lien sont des pages en construction pour le moment. Pour compléter cet aperçu il est indispensable de se reporter à la très belle et assez complète anthologie publiée en 1994 par les éditions de l'Escampette, Vingt et un poètes pour un vingtième siècle portugais, qui donne un panel représentatif de la poésie portugaise des années 70 jusqu'à nos jours (José Régio, Vitorino Nemésio, Ruy Cinatti, Sophia de Mello Breyner Andresen, António Manuel Couto Viana, Natália Correia, Alexandre O'neill, David Mourão-Ferreira, Fernando Echevarria, António Osório, Pedrot Tamen, Fernando Assis Pacheco, Fiama Hasse Pais Brandão, Luiza Neto Jorge, Gastão Cruz, Vasco Graça Moura, João Camilo, Manuel António Pina, António Franco Alexandre, Luís Miguel Nava, Paulo Teixeira).

 

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 © Prétexte Editeur, 96 rue du Fbg Poissonnière, 75010 Paris

 

Anthologie de la poésie portugaise contemporaine 1935-2000
par Michel Chandeigne (direction de l'ouvrage)

 

( Livre )
Gallimard
Collection Poésie
2003, 414 p., 8.8 euros

ISBN : 2070423735

« Départ de l'anthologie : 1935, mort de Pessoa, césure essentielle, sorte de comput dans l'histoire des lettres portugaises. Quant à la sélection, il insiste : "Mon goût personnel intervient dans le choix des poèmes et non des poètes." Torga, pas son favori en tant que poète, y est inclus : "Tout le monde le lit à l'école, comme nous les poèmes de Victor Hugo." Pas de jeunes auteurs, car il a opté pour "ceux qui avaient une œuvre constituée : vivants ou morts récemment comme Al Berto en 1997 et Nava en 1995, à l'exception de Jorge de Sena, disparu il y a quelque vingt ans, mais qui demeure une référence constante."

34 poètes qui offrent un riche panorama : surréalisme ludique de Mário Cesariny, sensualité lumineuse de Sophia de Mello Breyner Andresen ou morbide de Gustão Cruz : "Peau du corps jadis quand dans/ son sable de cendre la bouche se perdait/ muraille des ténèbres et air et vent assise/ de sable violent et pluie et morte cendre".(...)

"Dans un pays où la tradition lyrique est encore vivace, il y a tout un pan de la poésie, très bourgeois et sentimental. C'est le noyau dur que j'ai désiré mettre en exergue : le rapport à la mort, au sexe, à l'histoire : le salazarisme, les guerres coloniales. Toutes ces métaphores de décomposition, de destruction, obsessionnelles dans la poésie portugaise, ne sont qu'une manière de parler du Portugal comme d'un corps malade. C'est un propos poétique d'une violence stupéfiante." Dans la présentation, Chandeigne parle d'"une littérature grosse de mélancolies et de fureurs". » (deux extraits d'un article de James Rose Sean, Libération, 8 janvier 2004)

Choix et présentation de Michel Chandeigne, préface de Robert Bréchon

Traduction du portugais par Patrick Quillier, Michel Chandeigne, Michelle Giudicelli, Max et Magali de Carvalho.

Dans BiblioMonde

Quelques recueils de poésie portugaise

Notre dossier sur le Portugal

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